Dans le cadre du programme At Home in Europe, d'Open Society Foundations, ce rapport constitue l'étude consacrée à Marseille au sein d'une série de onze monographies de villes européennes abordées sous l'angle de l'intégration sociale de leurs populations musulmanes.
Deux lignes de questionnement : le phénomène des discriminations ethniques et la constitution de minorités ethniques dans l'espace français. L'action de l'Etat ? notamment l'action publique...
Les obstacles entre l'Europe et le Maghreb se multiplient pour empêcher les migrants clandestins d'aller vers le nord. Au nord, en France, leurs cousins, descendants d'immigrés, sont confrontés aux ségrégations sociales et ethno-raciales...
De nouvelles pratiques éducatives voient le jour : les fonctions du père et de la mère sont redéfinies. En corollaire, leur capacité éducative est questionnée. La supposée «défaillance éducative» pointée par les pouvoirs publics, nécessiterait des sanctions... Mais, surtout, la mise en cause des parents évite de s'interroger sur la pertinence des politiques publiques en matière éducative et sur l'efficacité des actions des professionnels. Comment dès lors travailler avec les familles en prenant en compte la complexité des transformations sociales et familiales en cours ?
Pour la première fois en France, une étude, armée par les méthodes des sciences sociales, traite de ce qui se passe à l'école en fait de racisme. Elle tente de comprendre ce qui est signalé comme racisme par les autorités scolaires, ce qui est perçu et traité par les enseignants et les équipes, et ce que les élèves vivent du racisme à l'école.
Résultats et synthèse d'une enquête effectuée au printemps 2000 dans un choix de lycées de Marseille
Les filles portant le voile sont-elles des adversaires déterminées de l'école et de la République ? Sont-elles manipulées par des activistes avançant masqués ? Pourquoi et comment le voile est-il devenu "affaire" en 2003 ? Les chercheurs réunis dans cet ouvrage, voient non pas "plus de problèmes posés par les filles portant le voile" mais plus de soupçons, plus de peurs instillées dans une opinion publique tétanisée par une campagne médiatique et politique bien orchestrée.
L'auteur souligne l'intérêt d'étudier l'espace scolaire selon une approche constructiviste de l'ethnicité. L'école constitue un bon champ d'observation pour analyser les procédés de désignation et d'identification ethnique des élèves. Dans ce lieu où se jouent des destins sociaux, l'ethnicité apparaît d'une part comme une des ressources identitaires mobilisables par les élèves qui sont pris dans un processus de relégation. D'autre part, la tendance manifestée par l'institution scolaire à associer inéluctablement la pauvreté extrême à la différence ethno-culturelle, s'inscrit dans un processus plus ample de construction de types sociaux racisés à partir de traits comportementaux. Sans que la marque raciale soit autonome ni référée à une identité " raciale " explicite dans les interactions, elle oriente toutefois l'action publique, y compris les praticiens de l'école.
A partir de 1998, la France a introduit le principe de la lutte contre les discriminations : dispositif de recueil de plaintes, nouvelles normes législatives, dispositions pénales en matière de droit du travail et d'accès au logement locatif. Mais aucune décision n'a été prise concernant le secteur scolaire. Le Haut Conseil à l'Intégration s'en est préoccupé dans son rapport de 1998.
En critiquant la proposition de Jean-Louis Borloo, ministre délégué à la Ville, de ne plus parler de cités difficiles ni d'intégration, mais des cités "internationales", l'auteur analyse les deux statuts et les deux valeurs du terme "intégration" (catégorie du jugement social et concept scientifique), le lien communautaire comme modalité de l'intégration sous l'hypothèse sociologique classique, la discrimination ethnique comme crise de l'identité nationale et l'intégration nationale à l'épreuve du transnational. De fait, il est nécessaire de penser la nation apès l'Etat-nation, la crise de l'identité nationale étant très complexe à analyser car le cadre même depuis lequel cette crise s'appréhende n'est plus acceptable sans discussion.
Cet ouvrage explore la question des discriminations ethniques en France, vivaces autour mais aussi dans l'école. Les éléves ne quittent pas leurs identifications en entrant à l'école, les personnels non plus. L'ouvrage offre donc au lecteur une approche de ce que désigne en sciences sociales le concept d'ethnicité et ses concepts connexes, ainsi qu'une vue précise des travaux universitaires qui ont déblayé la matière, et débouche sur les voies d'une action soucieuse de relever le défi de l'ethnicité à l'école.
L'auteur analyse un entretien biographique menée dans le cadre d'une recherche portant sur les usages ordinaires de la catégorisation ethnique. C'est en se référant à son expérience dans l'institution scolaire que le jeune homme interviewé, né en France de parents immigrés de Tunisie, a vu émerger sa conscience d'appartenir à un groupe ethnique socialement stigmatisé. Sans être le porte-parole d'une quelconque identité collective, le caractère d'acteur ordinaire de ce jeune homme permet de comprendre, par le jeu des définitions de soi et des autres, les conditions de marquage et de transformation des frontières entre un groupe minoritaire et l'ensemble des majoritaires. Nourredine décrit ensuite les modalités de la cohabitation dans le quartier niçois de l'Ariane où il réside actuellement, tout en les comparant avec celles qui caractérisaient sa vie dans un autre quartier niçois - celui de son enfance. A partir de cette expérience il construit tout un faisceau d'identités découlant d'une série de positionnements de soi et d'autrui dans un système d'oppositions entre différentes catégories (Maghrébin/Français, Maghrébin/Tunisien, Arabe/Harki, bons Maghrébins/non-Maghrébins). Il insiste également sur les différentes valeurs qu'il situe au cour de l'identité maghrébine en termes de dignité, moralité, propreté, politesse, respect de soi, de la famille, de la communauté et d'autrui en général.
En France, l'idéologie républicaine tend à traiter la pluralité des cultures comme une entrave à l'égalité, surtout lorsqu'elles se manifestent dans l'espace public. D'où l'exclusion de la question de l'interculturel des instructions officielles du ministère de l'Education Nationale. Pourtant, la différence culturelle ethnicisée pose à tout régime démocratique un problème de justice et un problème d'identité nationale. L'éducation interculturelle est le courant pédagogique qui vise spécifiquement à relever ce défi.